Chloé : J’aime bien cette idée d’évidence par l’évitement de l’évidence acquise non questionnée.
Ninh : Oui c’est vraiment ça, c’est tout à fait ça, absolument. En fait il y a de la joie. En fait quand on retire, il y a peut-être une question morale là-dedans, tout à fait. Il faut peut-être plutôt reculer plutôt qu’en rajouter... Il y a peut-être quelque chose qui est moral sans le savoir. En tout cas on découvre, quand on évite certaines choses et qu’on est suffisamment curieux, en fait on découvre qu’il y a tout un monde au-delà de ça. Et donc pourquoi ne pas continuer à explorer ? [...]
Et puis surtout que ça semble infini. Parce que quand même malgré tout, même si on explore des choses qui sont du monde sonore, malgré tout le problème c’est nous-même. En fait on peut continuer à piétiner le même endroit à chercher à creuser, mais c’est parce que c’est nous qui nous freinons, c’est nous qui nous empêchons, et que c’est plutôt le travail sur soi à travers le son qui fait qu’on va creuser. Donc ce n’est pas tant répéter, piétiner.
Michel dit c’est ressasser, il dit "Improviser c’est ressasser". Il a absolument raison. Et parce qu'on y trouve toujours quelque chose et que ce n’est pas [...] répéter bêtement mais répéter en observant. Et c’est l’observation qui change la chose, en fait c’est un travail sur nous-même. Le problème n’est plus tellement l’instrument, même si l’instrument doit être travaillé sinon on perd contact, avec notamment l’instrument lui-même, avec ce qu’il renvoie, avec tout ça. Mais on se travaille soi-même dans tout ça, et ça a l’air sans fin. C’est sans fin vraiment (rire).